C’est une menace planante, rampante, qui s’immisce dans les pensées, dans les corps et dans les regards. À travers des rêves incessants, des événements étranges, une angoisse intérieure se propage et se transforme en un délire persécutoire. Avec ses lianes infinies, une plante hante les esprits comme les lieux qu’il recouvre. 

Face à une profonde angoisse due aux changements irrémédiables, cette vigne représente un présage de nos mondes en mutation. Ces fameux augures que l’anthropologue Ana Tsing nous invite à percevoir à travers les ruines de notre temps.

À la faveur de théories complotistes, cette vigne incarne un mal étrange, voire étranger, supposément là pour envahir et contaminer. Cette masse verte difforme avance inlassablement en silence, mais cette hypothétique contagion révèle pourtant bien plus qu’une angoisse de mort. Comme si cette plante inimaginable pouvait nous terrasser par le spectacle du miroir de notre propre disproportion.