Una Luna de Hierro - Film de Francisco Rodriguez
Una Luna de Hierro
De Francisco Rodriguez, film 2017, 28min
Tout commence perdu dans les vagues. On devine le soleil couchant aux reflets roses et violets qui colorent une eau proche, calme, presque idéale. C'est comme le début d'un mélodrame, une image d’Épinal immédiatement perturbée par le bruit assourdissant d'un moteur de bateau qui recouvre la mer, qui annule toute impression de quiétude.
Un mot surgit à la surface, depuis une radio-transmission marine à peine audible : cadaver / cadavre. Una Luna de Hierro s'ouvre donc sur un brouillage, un mystère, un recouvrement. Mais aussi sur la découverte de ce qui rejaillit, ramené par le mouvement incessant des vagues.
Tout au long du film, les paysages de la pampa magallánica vont se remplir de morts, reconstituant non pas des événements mais un territoire dispersé et multiple, à travers le récit d'un fait divers par tous les langages qui le constituent, juridiques ou quotidiens, administratifs ou fabulateurs, chantés ou silencieux.
Les fantômes qui peuplent le film sont ceux de quatre ouvriers chinois, morts en pleine mer après s'être jetés d'un bateau de pêche pour rejoindre Puntas Arenas, une ville chilienne qui borde le détroit de Magellan. Les oiseaux ont mangé leurs yeux, on a retrouvé leurs téléphones, leurs passeports, des ordinateurs et de la nourriture. Ils avaient des gilets de sauvetage et pourtant on a conclu au suicide.
Les habitants se dressent donc devant leurs maisons ou sur les plages de galets pour raconter leur version des faits, les enfants apprennent à lire en déchiffrant le journal ou bien ils récitent et chantent des fables apocalyptiques, racontant des maladies imaginaires qui attaqueraient leur mâchoire et rêvant d'une arche pour les accueillir, défiant le vent pour faire entendre leur voix. L'Histoire bégaie et se décompose, la terre transpire et les cadavres émergent. Au terme de tous ces chemins possibles, ne restent que des impressions, des directions, des apparitions. On ne peut plus voir, seulement distinguer la silhouette, l'ombre d'un homme au loin qui se dérobe et se mêle aux tâches de couleurs d'un paysage flou, brouillé par tant de violence sourde. Un mort se reflète dans un autre, le territoire se disperse et se morcelle, les histoires se répètent et dérivent vers le silence ou l’hébétement, créant à la fois une rime et un infini, un inconnaissable.
Charlotte Bayer-Broc
Biographie de l’imaginaire
In Paradise men are born dead. That’s why its important to open the windows
and let the air of spring circulate. Don’t forget desperation. Don’t forget the
adolescent and stupid feeling of wanting to open to life with all your strength,
with all your heart, until death. Then Erick will say: but I can stand the bullets,
because my childhood wasn’t the sweetest, surely is because I am not only
pain…and if I was, those pains also eventually have to rest.
Dead man naked they shall be one
With the man in the wind and the west moon;
When their bones are picked clean and the clean bones gone,
They shall have stars at elbow and foot;
Though they go mad they shall be sane,
Though they sink through the sea they shall rise again;
Though lovers be lost love shall not;
And death shall have no dominion.
I have the windows open, outside it rains, a summer storm, lightnings, thunders,
those things that excite or appeal to melancholy. When my economy gets better
I will appear at your place any given night. And if not, is the same. The path we
walked together in a way its history and remains. I mean: I suspect, intuitively
that its alive, in the middle of darkness, but alive and still, who would have said,
defiant.
Textes: Cristián Sánchez, Erick Melo, Dylan Thomas, Roberto Bolaño.
Les habitants de San Gregorio, Festival Cielos del Infinito, María José Ventura, Sebastián
Sanchez Barrientos, Daniela Camino, Rocio Romero, Iván Osnovikoff, Fernando Rodríguez, Andrea Rodríguez, Maureen Teare, Vanja Milena, Alice Lemaire, Daniela Jacob, Josefina Buschmann, Charlotte Bayer-Broc, François Bonenfant, Bruno Nuytten, Yannick Haenel, Hideyuki Ishibashi, Txema Novelo, Aurélie Brouet, Léa Carbogno. Mes camarades étudiants et le personnel du Fresnoy.
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