Yann Robin

Ecole

Compositeur français né en 1974.

Après des études au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris il suit le Cursus informatique de l’Ircam où il approfondit ses connaissances dans le domaine des nouvelles technologies associées au son. Après avoir achevé ses années de formations, il est reçu comme pensionnaire à l’Académie de France à Rome, Villa Médicis. 

Yann Robin est fréquemment assimilé, avec deux autres compositeurs de la même génération, à un courant esthétique qui a émergé en France au milieu des années 2000, le courant dit de la saturation. Sa forte attirance pour une musique  massique, virtuose, puissante et physique pouvant tendre vers une forme de quête paroxystique, privilégie souvent des sonorités évoluant dans des registres graves. On retrouve cette  tendance dans son cycle Art of Metal  conçu autour de la clarinette contrebasse métal ainsi que dans celui autour de la contrebasse, Symétriades et Asymétriades, mais également dans Inferno, pour grand orchestre et électronique où il fait appel aux infrasons, à « ce monde d’en bas », à ces « sons abyssaux »  avec lesquels il dessine une « dramaturgie souterraine », une descente circulaire qui suit métaphoriquement le parcours de Dante et Virgile au travers de l’Enfer, sur laquelle repose l’orchestre transformé et spatialisé en temps réel par un dispositif électronique. Ses collaborations régulières avec des solistes favorisent un allez-retour immédiat entre le geste (instrumental) et le timbre, ce qui lui permet de repousser à chaque fois un peu plus loin les limites des techniques instrumentales ainsi que celles du son, donc celles de l’imaginaire. 

Il collabore et reçoit des commandes de nombreux et prestigieux ensembles et orchestres comme l’Ensemble intercontemporain, le Klangforum de Vienne, l’Ensemble Moderne ou bien l’Orchestre Philharmonique de Radio France, le Seattle Symphony, le New York Philharmonic Orchestra, le SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg… Il travaille avec des chefs comme Susanna Mälkki, Alan Gilbert, François-Xavier Roth, Peter Rundel, Ludovic Morlot… 

Au-delà de son activité de compositeur, il est depuis dix ans directeur artistique de l’Ensemble Multilatérale.  

Sa musique est publiée aux Éditions Jobert.

 

Triades

Triades est le troisième et dernier volet d’un cycle autour de la contrebasse, initié en 2013 avec Nicolas Crosse, contrebassiste et soliste de l’Ensemble intercontemporain, qui sera réalisé en étroite collaboration avec le cinéaste, photographe, plasticien et écrivain, Alain Fleischer. Deux premières oeuvres ont déjà vu le jour, Symétriades (2013, 14’) pour contrebasse et électronique et Asymétriades (2014, 20’) pour contrebasse et ensemble. L’univers poétique de ces deux premières pièces composant ce cycle est directement emprunté au roman de science-fiction de Stanislas Lem, Solaris. Solaris est une planète orbitant autour de deux soleils et dont la surface est entièrement recouverte par un océan de matière protoplasmique constituant une énigme absolue pour les scientifiques qui l’étudient depuis presque un siècle. L’océan crée à sa surface de gigantesques formations que les savants ont baptisées en fonction de leurs formes ou de leurs caractéristiques : Longus, Mimoïdes, Agilus, Vertébridés, Symétriades, Asymétriades…

Triades, l’ultime pièce de ce cycle regroupera la contrebasse, un ensemble d’une vingtaine de musiciens, un dispositif électronique en temps réel et un mapping réalisé à l’intérieur même de la Philharmonie de Paris - Cité de la Musique. La création de cette oeuvre est prévue en juin 2018 à la Philharmonie de Paris en collaboration avec l’Ensemble intercontemporain, le Fresnoy et l’Ircam. Ce projet prendra la forme d’un work in progress. En 2017, à partir de la première pièce de ce cycle déjà existante, Symétriades, un premier mapping sera réalisé par Alain Fleischer sur la surface du corps du soliste et de son instrument afin de créer l’interaction idéale entre les différents éléments en présences (outils technologiques sonore/visuel) et le soliste. C’est à partir du jeu, ou plutôt du geste instrumental impulsé par Nicolas Crosse que les différentes transformations du son en temps réel seront corrélées avec les déformations et distorsions de « l’image ». Dans Triades, cette « image », ce mapping, se déploiera au-delà du corps du soliste et de son instrument. Ce visuel envahira les différentes surfaces circulaires de la Cité de la Musique et ne sera que l’une des nombreuses parties de cette créature, de cette structure organique dont le centre vital sera la contrebasse. Le principal enjeu de ce projet est de réussir à créer un objet global où l’interdépendance du soliste, de l’ensemble, du dispositif électronique et du mapping sera totale.