Thierry Fournier
Artiste et commissaire d’exposition indépendant, né en 1960, Thierry Fournier est architecte de formation (diplômé de l’École nationale supérieure d’Architecture de Lyon). Il vit et travaille à Aubervilliers et Paris. Son travail aborde les limites de l’humain, de l’altérité et de la socialité et notamment la manière dont celles-ci se rejouent dans les relations à la technologie. Déployant une pratique protéiforme (installations, objets, vidéos, impressions, performances, pièces sonores…), il s’empare fréquemment d’éléments existants qu’il modifie ou déplace pour en soulever les enjeux, proposant ainsi un regard sur les relations entre individus, société, nature et artefacts.
Sa pratique de commissariat d’exposition prolonge cette réflexion, principalement à propos de questions collectives. Il aborde l’exposition comme médium, en portant une attention spécifique à son expérience sensible, sa spatialité et à ses temporalités. Il est responsable du groupe de recherche EnsadLab Displays à l’Ensad (Paris), avec le critique J. Emil Sennewald, consacré aux formes contemporaines de l’exposition. Il co-initie de nombreux projets d’investigation, sur l’édition en art (Pandore), les collections publiques (Collection Artem), les conditions économiques des arts visuels (Économie Solidaire de l’Art), etc. Il intervient également à l’École nationale supérieure d’Art et de Design de Nancy et à Sciences Po Paris.
Son travail fait l’objet de nombreuses expositions personnelles et collectives en France et à l’étranger. Expositions récentes : ZKM (Karlsruhe), Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis, Ososphère et Opéra national du Rhin (Strasbourg), Saarlandisches Künstlerhaus (Saarbrück), Ars Santa Monica (Barcelone), La Terrasse (Nanterre), etc.
«L’invitation qui m’est faite par Le Fresnoy pour cette double expérience résonne tout particulièrement avec le dialogue que j’ai toujours instauré dans mon travail, entre ma démarche d’artiste et de commissaire, et de nombreux projets de recherche et création impliquant des étudiant·e·s, artistes ou chercheurs·euses, qui visent à ouvrir des réflexions sur l’art à travers la pratique. L’autre point de croisement concerne le rôle du numérique. La relation spécifique au Fresnoy entre art, cinéma et numérique fait face à l’évolution des industries culturelles et du web, où les technologies et l’immersion sont aussi devenues de puissants vecteurs de contrôle et de capture. Dans ce contexte, je m’intéresse davantage à la manière dont l’art peut susciter une pensée critique sur la technologie et les enjeux d’identité et de socialité qui en résultent – plutôt qu’à une « augmentation » des formes, caractéristique de l’approche moderniste des arts numériques. Enfin, je voudrais porter une attention particulière à l’économie des œuvres (au sens large) et à la pensée de leur exposition – deux questions qui peuvent aussi susciter des débats collectifs.
Au moment où j’écris ce texte, mon propre projet est encore en réflexion, sa forme pouvant évoluer entre jeu vidéo, film, installation... J’ai évidemment le désir d’expérimenter l’environnement du Fresnoy mais j’aimerais aussi le faire réagir à des objets ou agents extérieurs, sans savoir encore comment. C’est en tout cas autour de ces rapports critiques entre l’art, le cinéma et les industries culturelles, les œuvres et leur exposition, que je souhaiterais orienter cette année au Fresnoy – aussi bien pour ma propre création que pour le travail avec les artistes étudiant·e·s, en parallèle de leurs propres questionnements. »
T.F.