Cyril Teste

Ecole

Le metteur en scène Cyril Teste fonde en 2000 le Collectif MxM qui œuvre essentiellement autour des écritures théâtrales et numériques. Son travail a été présenté notamment dans différents festivals comme le Festival d’Avignon, le Festival Européen Temps d’Images-Arte à la Ferme du Buisson puis au CENQUATRE-Paris, le Festival CINEMED à Montpellier. Depuis 2011, Cyril Teste et le Collectif MxM développent le concept de performance filmique. Cyril Teste en a réalisé quatre. Patio–2011, Park–2012, Punk Rock en 2015 et Nobody, performance filmique in situ 2013 et (re)création au plateau–2015 (coproduction Le Fresnoy).

Comment réinventer à chaque fois le désir d’apprendre et d’échanger? L’école est pour lui le lieu précieux du commencement

La performance filmique, écriture théâtrale qui s’appuie sur un dispositif cinématographique en temps réel et à vue, en décor naturel ou au plateau, injecte dans le temps du cinéma le présent du théâtre, créant ainsi une seule image, éphémère et unique. C’est un nouveau défi artistique et technique, une nouvelle écriture scénique et cinématographique, que les membres du collectif MxM ont pu développer la saison passée avec leurs partenaires et Le Fresnoy autour de Nobody : Il s’agissait alors de filmer, monter, étalonner et diffuser des images captées sans-fil, en temps réel, en haute définition, avec le moins de latence possible (en collaboration avec Glen Silver/Technology Playgroup pour la partie électronique et micro-contrôleurs, et Frederick Rodrigues pour la transmission au mélangeur). La performance sera présentée au Théâtre du Nord en novembre 2015.

Les outils contemporains qu’ils utilisent, tels que la vidéo, les espaces augmentés ou les dispositifs interactifs, participent de cette tentative d’écrire une langue nouvelle, plus exactement une langue vivante. Toujours dans cette perspective, Cyril Teste pourrait développer cette année EDEN, un projet d’installation numérique immersive en 3D, une sorte de pépinière numérique où le visiteur assiste à la naissance et à l’évolution d’un spécimen végétal virtuel. Depuis plusieurs années il réfléchit avec l’IRCAM et INRIART en collaboration avec Arshia Cont, sur ces questions, et l’invitation du Fresnoy serait une occasion de concrétiser ce projet.

Mais l’opportunité de revenir au Fresnoy serait également une occasion de collaborer avec le designer Ramy Fischler, également professeur invité. En effet, l’année passée a aussi résonné avec le mot rencontre; avec les étudiants et avec les autres professeurs invités. Depuis, Cyril Teste et Ramy Fischler ont commencé à travailler ensemble sur des projets d’installations/lumières.

La question de la pédagogie est aussi au cœur des préoccupations de Cyril Teste (Il développe depuis 2009 avec MxM, le Laboratoire Nomade d’Arts Scéniques, réseau de transmission transdisciplinaire entre une structure de diffusion et les formations supérieures en art dramatique, image, technologie). Intrinsèque à son travail de metteur en scène, la transmission reste l’un des moteurs fondamentaux de son processus de recherche et de création. Comment réinventer à chaque fois le désir d’apprendre et d’échanger? L’école est pour lui le lieu précieux du commencement. Là où l’émergence crée ses propres outils, prend le temps d’écrire une sensibilité qui lui sera singulière et apprend peu à peu à faire l’expérience de son propre chemin dans un processus de création. Si Cyril Teste attache une affection particulière à ces questions, c’est parce qu’elles permettent l’émergence de singularités artistiques dans une démarche d’appropriation collective. Il pense cette relation comme Giuseppe Penone envisageait le processus de création de ses sculptures : La superposition de pas produit le sentier. Le sentier suit l’homme, il est la durée entre le passage de l’homme et le moment où l’effet de son passage disparaît. Le sentier est la mémoire, le souvenir (...). Un bon sentier, c’est celui qui se perd dans le maquis, qui se referme d’un coup avec ses arbustes sur le dos du promeneur sans nous dire si c’est lui qui le trace en premier ou le dernier de ceux qui l’ont parcouru. Le sentier disparu est celui qu’il faut prendre, le but est de perdre le sentier pour le retrouver et le reprendre...

Il faut, selon lui, continuer d’inventer des dispositifs permettant l’échange entre transmission, recherche et création, dans un réel souci de transversalité. De ce fait, la collaboration avec Le Fresnoy, engagée en 2014, prend tout son sens.

Cyril Teste & Eric Prigent.