Beat Gysin

Ecole

Beat Gysin (1968) a étudié le piano, la chimie, la composition (Thomas Kessler, Hanspeter Kyburz) et la théorie musicale (Roland Moser, Detlev Müller-Siemens) à Bâle. Issu d’une famille de musiciens, le compositeur est l’auteur d’une cinquantaine d’oeuvres (partiellement primées) pour divers ensembles, allant de solos à des oeuvres pour orchestre. À noter en particulier les prestations du Quatuor Arditti, des Basler Madrigalisten, de l’ensemble Phoenix, du Collegium Novum, de l’ensemble Contrechamps, de l’ensemble Recherche, et les nombreuses prestations des ensembles Windspiel et ums’n jip.

Beat Gysin est issu d’une famille de musiciens. Son intérêt particulier — au-delà de la composition classique — est la spatialité des phénomènes sonores. Des arrangements instrumentaux inhabituels et des compositions de bandes multicanaux créent dans ses oeuvres des structures d’espace sonore surprenantes, qui intègrent la musique en elles-mêmes et défient de plus en plus l’écoute tridimensionnelle « euclidienne ».

Par exemple dans le jeu de perception Derrière un mur de verre ou dans l’opéra de chambre Marienglas, le public portait des casques ouverts et écoutait de la musique simultanément dans la salle de concert et dans les casques. Beat Gysin a composé deux morceaux de musique, qui ont tous deux été entendus en même temps — tantôt ensemble, tantôt dans des sphères complètement différentes. Le public ne savait bientôt plus si les sons des casques ou « réels » pouvaient être entendus.

Le compositeur réalise des « jeux de perception » dans des lieux choisis mettant en exergue l’interaction entre l’environnement et le contenu musical ; par exemple, les projets NUMEN et Musique dans les espaces industriels explorent les différences acoustiques entre un lieu industriel et une salle de concert, dues à la variation des niveaux de température et d’humidité (ou à un entretien insuffisant). Nous n’entendons pas la même chose. Beat Gysin adapte ses sons et sa musique à l’environnement et crée une unité entre le lieu et l’événement. Pour l’opéra subaquatique Skamander ou la pièce sonore Wasserreservoir, l’espace de représentation est si inhabituel qu’il est devenu lui-même une expérience. Avec Skamander, le public était dans l’eau et porté par les chanteurs. Parfois, on déplaçait doucement ses oreilles sous l’eau pour que les sons subaquatiques puissent être entendus. Wasserreservoir se déroulait dans une salle avec 30 secondes de réverbération. Le public était accompagné dans l’obscurité totale dans le réservoir d’eau fermé et n’a jamais vu l’espace, il l’a seulement entendu avec la musique et la réverbération sans fin.

Beat Gysin a fondé l’association studio-klangraum en 2011 pour explorer systématiquement l’interaction de certains types d’espace avec la musique. Tous les deux ou trois ans, il conçoit et organise un grand projet dans le cadre de studio-klangraum, avec lequel il parcourt la Suisse. Avec Anna Katharina Scheidegger, il crée des films pour chacun de ces projets.

Beat Gysin a fondé en 2015 la biennale ZeitRäume Basel, festival pour la musique et l’architecture, qu’il préside aujourd’hui et qui a rapidement acquis une renommée internationale.

Artiste-professeur invité au Fresnoy, il a imaginé un projet photographique et sonore intitulé Quelques gouttes d’éternité, en collaboration avec Anna Katharina Scheidegger, ainsi qu‘une intervention sonore pour les toits du Fresnoy dans l’espace de l’entre-deux.

Beat Gysin