You have the right to remain silent est une installation sonore craintive dans laquelle l'esthétique de l'espionnage et de la surveillance est poussée à son paroxysme.

La Porte de l'Enfer de Rodin rencontre les sept trompettes de l'Apocalypse sous l'égide des organes du pouvoir d'un Big Brother paranoïaque.

Sur une cage de métal semblable à un instrument de torture médiéval sont accrochés 55 enceintes à pavillon de public Address. Comme une arme sonore de défense non létale, les canons à sons forment une sphère repliée sur elle-même, projetant le son dans toutes les directions pour construire un espace psycho-acoustique complexe. Les radars et le système de vidéo-surveillance détectent les présences, calculent la distance avec les individus et leurs mouvements. La détection faciale et de suivi du mouvement est utilisée par le système pour évaluer l'intensité de sa réponse face à toute intrusion.

La pièce construit tout un système paranoïaque confrontant les techniques sonores militaires et les dispositifs des sociétés de contrôle du xxe siècle aux systèmes de manipulation et d'influence de notre époque. Les flux vidéo des réseaux sociaux comme YouTube, Instagram et TikTok abreuvent en permanence le système dans lequel une intelligence artificielle appelée Rave les métamorphose. Entraînée sur des enregistrements de propagande et des hymnes nationalistes, tant sur des datasets d'explosions, de tirs d'armes à feu, de cris, que sur la musique fonctionnelle développée par l'entreprise MUSAK, et les remix et top hits qui accompa- gnent tout le flux vidéo des réseaux sociaux, l'intelligence artificielle reconstruit les sons et les diffuse telle une hydre panacoustique. Un chatbot GPT écoute puis retranscrit en texte les conversations, avant de répondre aux échanges avec une voix de synthèse, sous l'incarnation appelée Spectre.