Une traversée dans la nuit parisienne avec une sœur et son frère autiste Asperger. Une complicité à la dérobée. Un glissement de vision. Elle l’invite dans son monde... il l’invite dans son univers. C’est quoi être « en relation » lorsqu’il n’y a pas de langage convenu ?

Ce film est né de la nécessité d‘appréhender le mystère auprès duquel j’ai grandi : mon frère. Et dont la perception si différente du monde, liée à son autisme Asperger, a profondément influencé et marqué ma manière de voir. L’expérience de l’autisme ne se joue pas seulement dans la confrontation avec l’inconnu d’un « autre » comportement, mais porte en elle l’instauration d’un déséquilibre qui vient s’insinuer dans son propre agencement intérieur: le surgissement en soi d’une autre manière d’exister.

On entend dire que les personnes autistes vivent entre la terre et un ailleurs. Par leur seule existence, elles interrogent l’évidence de l’autorité de la perception majoritaire, et ouvrent à l’invisible. Les personnes qui ont grandi à leurs côtés développent un même sentiment d’ « entre-deux », de suspension entre le commun et l’autisme. Une relation entre deux êtres à la frontière de plusieurs états, évoluant chacun à leur manière à la lisière de plusieurs mondes.
La question de la relation devient celle de la porosité d’une brèche, d’un passage que l’on emprunte ou pas.