Par son encadrement, Le Fresnoy apporte de la sécurité tout en nous permettant de choisir nos directions artistiques. J’y jouis d’une grande liberté. J’ai ainsi pu concevoir cette année une installation numérique. C’est une carte du monde complètement blanche, on y distingue juste les lignes de côtes qui séparent les eaux des terres. Le spectateur peut se déplacer sur cette carte présentée sur une table tactile. Des mots apparaissent au fil de la navigation, ce sont des noms de lieux qui sont reliés aux territoires explorés : La Rivière des galets, La Plage de sable etc. J’avais envie de vider le monde pour revenir à un sens premier qui est simplement de reconnaître les choses pour s’orienter. A la suite de sa navigation, le spectateur peut imprimer des vues choisies de la carte, qu’il aura lui-même sélectionnées. L’imprimante est importante dans le projet car elle implique le spectateur, et en même temps elle marque le passage entre le format numérique et le format papier. Au final, on retrouve une carte papier comme on en a l’habitude. J’aimerais que le spectateur soit intrigué par cette carte qui invite plus à se perdre qu’à se repérer, je m’intéresse à la fascination qu’amène la page blanche d’où tout peut surgir, mais qui est en même temps angoissante par l’absence de repères. L’art doit pour moi servir à montrer d’autres regards possibles. C’est ce que j’essaie de faire avec cette installation. Je travaille souvent sur des cartes, ici ce n’était pas une obligation de le faire par des supports numériques mais je m’étais lancée le défi de découvrir au moins une fois ce type de support. Puis la forme était dans ce cas induite par le fond, la table tactile se prêtait bien à ce que je voulais montrer.