Je suis venue au Fresnoy pour poursuivre mon parcours déjà entamé dans le cinéma. C’était important pour moi de pouvoir rencontrer des artistes invités qui sont aussi des cinéastes et qui sont toujours en activité. Je me sens toujours en phase d’apprentissage, tant mieux s’il y a des lieux comme Le Fresnoy qui existent, où l’on peut travailler dans des conditions qui sont assez rares, et où l’on côtoie toute sorte de personnes intéressantes et stimulantes. C’est dans ce cadre que j’ai réalisé un film pour Panorama 15. Ce film s’appelle «La Ville de Maria», la ville en question est Dubaï, que j’ai filmée comme si elle était la ville de Métropolis imaginée en 1927 par Fritz Lang. Au départ j’avais le désir de filmer la ville de Dubaï, j’étais interpellée par le fait que l’on y soit tout de suite pris dans une mise en scène préexistante, que l’on y retrouve une réelle résistance à faire des images. La ville de Métropolis me semble être la meilleure description de Dubaï, tant d’un point de vue urbanistique qu’économique ou social. Le film met en scène un personnage qui se réveille à Dubaï et qui se souvient de sa vie, notamment de sa rencontre avec Maria. Il nous fait revivre ses souvenirs, on est plongés dans sa mémoire, avec ses manques et ses moments d’amnésie. Comme je l’avais déjà fait pour d’autres films, j’ai travaillé avec de l’image de synthèse et des logiciels. C’est vrai que cela change la manière de penser un film. Mais je trouve que le numérique rejoint une dimension archaïque du cinéma, la perte du support argentique a entraîné la perte d’une certaine matérialité. C’est en somme le négatif qui a disparu, il faut donc le retrouver d’une autre manière.