In memoriam - Installation de Arthur Zerktouni

In memoriam

image de l'oeuvre In memoriam de Arthur Zerktouni

De Arthur Zerktouni, installation 2012

Diffusions
  • 2012 - Exposition Panorama 14 au Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing de Tourcoing (FR)

Il est des souvenirs fugitifs qui, si l’on ne prend garde de saisir leur silhouette imprécise au moment même où elle s’esquisse, s’évanouissent aussitôt pour disparaître à jamais. Il est au contraire des souvenirs que l’on s’efforce d’effacer et qui demeurent indélébiles. À quel abîme intime, à quel lieu parfois irrémédiablement clos et néanmoins poreux ces images appartiennent-elles ? Où vont nos souvenirs enfuis, d’où ressurgissent ceux que l’on croyait oubliés ? Antithèse absolue de la mémoire, l’oubli lui est pourtant nécessaire et en constitue le versant négatif, mystérieux, paradoxal. Réalités doubles et ambiguës, frontières et passages, la mémoire et l’oubli semblent les maîtres des temps intermédiaires. Du Perceval de Chrétien de Troyes abîmé dans la contemplation de trois gouttes de sang sur la neige qui, tout à son souvenir, oublie ce qui l’entoure, au Borges de L’Autre qui veut oublier sa rencontre avec son double passé pour ne pas perdre la raison, la mémoire et l’oubli mettent en jeu des temps où les frontières sont momentanément abolies. Et là où il n’y a pas de frontières, il n’y a pas non plus de mot pour nommer l’insaisissable. Pourtant, cet entre-deux aux limites du réveil et du sommeil, du présent et du passé, du monde et du moi, auquel le Moyen Âge avait donné le joli nom de dorveille, est peut-être encore le nôtre, et plus souvent qu’on ne le croit – dans l’accomplissement de gestes mécaniques, dans l’attente, l’ennui, la rêverie, l’habitude. Là où il n’y a plus de mots, il reste la représentation. In memoriam, qui met en scène le moment qui précède la disparition d’un souvenir, se propose comme une métaphore de cet entre-deux dans lequel on passe de la mémoire à l’oubli. Si l’art, bien qu’il ne puisse s’y réduire, est aussi une trace, jouant à l’échelle de la mémoire collective le rôle du souvenir personnel, In memoriam n’est pas une trace. En conviant le spectateur à une dorveille collective, In memoriam se fait la trace – et sa disparition. Chloé Chalumeau, doctorante en littérature médiévale (Université Paris-Sorbonne)

Remerciements Thanks

Nicolas Verhaege (programmation informatique), Nikolas Chasser-Skilbeck (vidéo - test), Farid Rahmouni (acteur), l'équipe du Pôle Installation et Décors du Fresnoy. Choé Chalumeau (texte).

Images de l'oeuvre
Processus de création
    In memoriam
Partenaires
  • Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing

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