Une nature rude. Aride. Froide. Peu accueillante. Inaccessible. Qui façonne les hommes à son image. Un tableau des Alpes peu habituel. Une montagne sauvage et violente, oubliée de la modernité, et qui de ce fait la rejette. Une communauté autarcique, paralysée par la crainte du changement. Mais le changement advient, se présentant sous la forme d’une grossesse, sous les traits d’une jeune auxiliaire croate. Quand les personnages, entre solitude et altérité, sont confrontés à leurs peurs, la violence et les doutes peuvent-ils continuer à être intériorisés ? Les non-dits peuvent-ils subsister ? Un contact discret mais poignant, une entrée furtive – qui relève parfois même du voyeurisme – dans un monde auquel on ne se sent pas appartenir, un monde autarcique dans lequel le spectateur, tout comme la jeune auxiliaire, n’a pas sa place. Un microcosme familial qui fascine, dans un jeu d’attirance et de répulsion aux contours mal définis. Une plongée dans l’intériorité d’un homme, sa perte de repères, son égarement. Pas de mots, mais des sensations. Et une fin en forme de point d’interrogation, ni résolution, ni nouveau départ. Toujours cet enfermement oppressant, comme un cycle qui se répèterait sans fin. Un monde qui, finalement, ne peut pas échapper à lui-même. Marie Deneux