Paul et Louise, les mariés, ne sont jamais dans le même cadre, tout en étant toujours au même endroit et interagissant l’un sur l’autre. L’image ne les réunit pas, même au moment où ils font l’amour.

En même temps je m’interdis aussi le champ contrechamp et l’angle subjectif pour ne pas laisser se tracer des rapports psychologiques directs, ni d’une conscience à une autre, ni d’un inconscient envers l’autre. Les contenus vont êtres arrêtés et absorbés par cet espace qui se trouve entre eux, qui fonctionne comme séparation, mais aussi comme plein, et qui devient le véritable sujet du film.

On a cet espace concrètement à l’image à chaque fois que les deux se parlent, leurs voix sont off, mais enregistrées sur place, respectant toujours leur positionnement. Des fois cet espace contient les effets ou les traces de leurs actions l’un envers l’autre, il interdit l’échange tout en consolidant le lien. On ne va jamais répondre à l’image d’un regard par l’image de sa vue. La caméra, le découpage, le regard ne vont pas traverser, pénétrer l’espace qui est entre eux et qui bénéficie d’une certaine autonomie.