Cabinet d'affects - Installation de Emmanuel Van Der Auwera

Cabinet d'affects

image de l'oeuvre Cabinet d'affects de Emmanuel Van Der Auwera

De Emmanuel Van Der Auwera, installation 2010

L’installation que je projette aménagera des rapprochements entre les pensées et les corps géologiques inertes. Si une émotion vitrifiée ressemble à un minerai – hypothétiquement – les minéraux sont des émotions qui s’ignore. Le projet procède d’analogies poétiques entres la neurologie, l’astronomie et la géologie, et tente d’imager la pensée en remontant sa piste jusqu'à sa disparition. Tout cela relève d’une logique de l’absurde.

Avec l’aide d’un scanner de neurologie (à résonance magnétique nucléaire), je compte prendre des « instantanés » tridimensionnels de mon activité cérébrale provoquée par diverses évocations. Ces formes obtenues seraient ensuite reproduites en matériaux composites par le biais d’une photocopieuse 3D, puis placées dans des « reliquaires » (des flight cases) annotées des mots à l’origine de la forme.

Le projet s’articule donc en deux étapes : la première avec le scanner I.R.M. qui engrangerait un certains nombres de représentations 3D de mon activités cérébrales ; la seconde avec le reprographieur 3D les transposerait en formes solide et matérielles. L’aspect des « caillots » d’émotions, leurs textures, couleurs et matérialités sont des signifiants essentiels au pouvoir d’évocation poétique du projet. Plusieurs matériaux sont envisages, parmi eux l’acier, le caoutchouc et la résines. Le traitement de surface doit pouvoir évoquer l’univers des minéraux, tout en affirmant le caractère précieux et mystérieux, symptôme de rareté, de ses objets de dimension modeste. Bijoux, ornement, reliques, antiquité sauvés de la disparition et restaurés dans le cercle des choses inestimables ; autant d’exemple qui illustre le rapport que je souhaite instaurer entre l’objet et le spectateur.

Diffusions
  • 2010 - Exposition Panorama 12 au Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing de Tourcoing (FR)
Awards
  • Jan.2012 - Prix Médiatine

Le professeur se lève, fait le tour de son bureau un bras fermement replié dans son dos, pivote, me fait volte face. - Savez-vous que votre cerveau perçoit l’expression d’un sourire bien avant d’y reconnaître le trait d’un visage humain ? Inutile de préciser que tout ceci est bien antérieur à l’entrée en jeu de votre conscience ; pratiquement 5 millisecondes plus tôt. Nos réactions sont prédéterminées, voyez-vous ? Oh, par nous-mêmes bien entendu ; mais avant que « nous » ne puissions y voir, nous avons déjà opéré 80% du choix, vérifié la validité, sollicité l’expérience, défini des stratégies ; là enfin nous ouvrons la route en dernière roue du carrosse. Comme je le dis souvent, on ne perdrait pas grand chose en perdant la conscience. - tu oublies que X… relativise ton point de vue, objecte le philosophe, avec notamment le paradoxe de la femme à poil. - certes mais nous restons, malgré tout, des animaux. Le professeur me dit qu’il y a six émotions susceptibles d’êtres cartographiées ; « Joie, dégoût, peur, colère, désir, et tristesse. » (le professeur) - Répétez-moi à nouveau ce que vous espérez obtenir. (L’artiste) - Cartographier l’activation d’émotions humaines (les miennes en l’occurrence), par le biais de l’imagerie à résonnance magnétique nucléaire, ce pour en faire des objets en volume. -vous savez que les objets ne représenteront rien, seront scientifiquement irrecevables ? - oui, encore que leur apparente abstraction et le fait qu’il soient scientifiquement irrecevables ne les engagent pas à ne rien représenter. Sur la chemise de textile délicat plongeait une cravate au reflet cuivre frappé du sigle louis Vuitton. Une réminiscence. Efficace comme le « S » de Superman, pensais-je en appuyant mon « scientifiquement irrecevables ». -la machine procède à une captation par strates ; et c’est par strates que la seconde machine reconstituera les données de la première jusqu'à l’obtention d’un caillot de matière noire. équivalence objective s’il en est au phénomène enregistré. Le philosophe se redresse, le professeur lui esquive un regard et noue ses doigts dans une grosse pelote qui me fait face. (le professeur) - quelle est exactement votre intention artistique dans ce projet ? (l’artiste) - Je choisis la taille et la couleur, et le dispositif de monstration. -vous ne craignez pas de laisser votre public dépourvu devant ces objets inintelligibles ? Mon regard vagabond suivi de près par mes réflexions, presque intangible. -non. J’imagine le sarcophage IRM et son brancard mécanisé ; Mais déjà la page redevient blanche et Ce ne sont plus que les rayons de la lampe qui peuplent mon imagination. E.VA.

Remerciements Thanks

-Au service de Neuroradiologie du CHRU de Lille (liste de l’equipe a détailler), -Au Laboratoire de Neuroscience fonctionnelles de pathologie du CNRS, en particulier au professeur Delphine Pins -Au centre émotion de l’hôpital Pitié-Salpêtrière, en particulier au professeur Roland Jouvent -Au entreprise Materialise et Connex -A Jean-François Peyret

Images de l'oeuvre
Processus de création
    Cabinet d'affects
Partenaires
  • Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing

Oeuvres d'Emmanuel Van Der Auwera produites par Le Fresnoy :

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