Depuis septembre, j'ai passé une grande partie de mon temps à lire des livres et à les annoter. Quelques outils m'accompagnaient, un crayon, des bouts de papiers... Au travers de ces recherches, je tente de comprendre, d'éclaircir ce que je fais. Pendant l'exposition, les livres sont pris dans un bloc de glace transparente. Les notes sont physiquement perdues. Elles se dérobent au regard public. La lecture s'arrête et laisse place à un nouvel objet. L'exposition est finalement ce temps où l'artiste se retire et livre sa pièce à de nouvelles interprétations. Ici, "réserve" présente sa propre genèse et sa propre fin. Un paradoxe, si le froid peut-être un outil de conservation (À Prague, après les inondations de 2002, environ 150 000 pièces provenant des bibliothèques sont aujourd'hui en attente de restauration dans des entrepôts frigorifiques), il se présente ici comme un outil de destruction. Je ne sais pas dans quel état les livres seront retrouvés une fois délivrés. En marge de l'exposition, un site internet présente les pages annotées. Chacune a été scannée, le site est une mémoire lacunaire de ce temps de lecture, le portrait d'un lecteur. Des chemins ont été préparés proposant un retour à l'espace intime de la lecture. Cette pièce est, par définition, inachevée. Je continue à lire des livres, je suis encore en recherche. Et j'imagine que "réserve" pourrait ainsi continuer, les livres ne cessant de disparaître au cours de futures expositions.