Le film Red road consiste en un rêve qui m’envahit régulièrement la nuit depuis ma naissance. Après mon départ de la Corée, j’ai pour la première fois mis les pieds sur le territoire français, et, un mois plus tard, mon vélo percutait une voiture et me faisait faire un saut de 2 mètres de haut. Ce jour-là, je ne suis pas mort. Mes yeux ont pu transmettre à mon cerveau ce qu’ils ont vu. Cela s’est passé très vite. Le cerveau n’a pas eu le temps d’être "conscient" au moment de l’impact entre la voiture, mon vélo, et moi. J’étais allongé par terre, sans même réaliser que mon crâne était en sang, sans vraiment pouvoir saisir ce qui s'était passé. Ce soir-là, j’ai fait un rêve. À travers ce rêve, je pouvais enfin “voir” ce qui s’était passé, comme si mes yeux (je dirais plutôt mon cerveau) avaient mémorisé les images. Un vélo… un feu rouge… une voiture… un bruit de freinage déjà entendu. C'était un bruit extrêmement aigu, un bruit insupportable, qui a longuement résonné dans ma tête jour et nuit. Quelques années plus tard, j’ai fait une nouvelle fois le rêve de cet accident. C'était comme une sorte de retrouvaille ! Mais cette fois-ci, le rêve était bien différent. Une sorte de métaphore surréaliste. J’ai eu un sentiment étrange après le réveil. J'ai tout de suite compris que ce rêve représentait mon accident. Au moment de l'accident, mon cerveau n'a pas vraiment eu le temps d'analyser, de comprendre ce qui se passait réellement. Mais par la suite, avec ces rêves, il s'est produit dans mon cerveau une sorte de réminiscence qui lui a permis d'exprimer à posteriori, et de façon abstraite, les sentiments, les sensations produites par l'accident. Parlant de la peur, de la mort, à travers un rêve personnel, je voulais surtout exprimer le sentiment d’un passage vers un monde inconnu où nous irons probablement tous…