Deux jeunes graphistes travaillent, ils utilisent un scanner. Ils se connaissent peu. Par erreur, ils ne mettent aucun document dans la machine. Ils remarquent qu'au lieu de faire du blanc, elle fait apparaître des formes, donc petit à petit des images. Cette trouvaille les intrigue, ils expérimentent avec. Peu à peu ils se laissent aller, il y a deux crescendos parallèles. D'une part, ils font une recherche picturale en jouant sur les réglages de la colorimétrie et du contraste: ils creusent, fouillent progressivement dans la résolution des images, car elles semblent révéler une matière tramée étrange. Deux choses les intriguent dans ces images: les rayures et poussières qui ressemblent à des bactéries, et la profondeur de la trame numérique, de plus en plus colorée. Ils composent avec, ou entre ces deux choses. D'autre part, l'expérimentation des images les pousse à discuter, à vouloir s'ouvrir l'un à l'autre, à oser des hypothèses. Ils évoquent leur passé (souvenirs, anecdotes) mais aussi des projets, des désirs. Leur imaginaire, de façon un peu maladroite, se met tant bien que mal en marche. Transparaît malgré eux leur rapport au monde, politique par ailleurs. Leur conversation nonchalante prend fin. Elle commençait à saturer par elle-même de toute façon. Un peu déboussolés, ils regardent la vue par la fenêtre. On devienne qu'ils la connaissent bien, mais tout en étant banale, elle est extraordinaire.