«Après avoir acquis un regard différent depuis l’étranger, comment peut-on regarder sa propre histoire ? Dans ce film, je revisite mon passé et porte un nouveau regard sur mon identité. Coréenne, je quitte mon pays. La rencontre avec Masami, une Japonaise, me plonge dans la confusion. J’étais troublée de voir surgir l’idée du nationalisme (que j’avais intériorisée) et dont je ne soupçonnais pas la présence. Il s’agit d’un voyage dans l’histoire d’un pays. 1910-1945 : le temps de l’occupation, temps durant lequel le Japon a colonisé la Corée. Aujourd’hui deux fictions, sociale et historique, se croisent. Le Japon occulte,oublie, efface. Une fiction par omission. La Corée, légitime dans sa souffrance, s’érige une histoire victimaire et cathartique. Une fiction par la mise en scène : la prison Seodaemun à Séoul est l’endroit où l’on garde le souvenir le plus douloureux de la colonisation de la Corée par le Japon. Mais dans sa tentative de “reconstitution” la prison Seodaemun me semble devenue une scène où le spectacle qu’elle donne à voir (les mannequins animés) écarte toute possibilité d’une projection individuelle dans la dimension de la mémoire. Comment trouver la bonne distance face à ces images d’horreur reconstituées comme dans un parc d’attractions ? Aujourd’hui je me rends à la prison Seodaemun à la recherche de la mémoire en dehors du spectacle. Ce film comme un exercice de distanciation. Comment dois-je me situer dans cette histoire ? Comment être moi-même ? Qui suis-je ?»