Le film Jericho montre une réalisatrice partant à la rencontre de l’acteur de son nouveau film. La jeune réalisatrice israélienne arrive en Europe, dans l’espoir de faire un film sur la guerre qu’elle tournerait dans la forêt, à ses yeux le lieu symbolique le plus fort de la guerre. Toute l’action se déroule sur une même journée, elle suit son trajet vers cette forêt où elle est censée répéter avec son acteur. Peu à peu, elle se confie au chauffeur qui l’emmène sur le lieu du tournage, et, au cours de leur conversation, il lui raconte un voyage réalisé vingt ans auparavant avec Marguerite Duras, Pina Bausch et Ndair, une jeune violoniste palestinienne. Elle comprend que certains souvenirs sont tellement forts qu’on ne peut que les oublier, que la mémoire collective n’a rien à voir avec la mémoire personnelle. Elle pose la question de l’impossibilité de créer, du pouvoir que peuvent avoir ou non les souvenirs abstraits de la guerre. À la fin, la seule chose qu’elle obtient, c’est le silence. “Ou bien c’était une autre année. Un autre été. Un autre jour sans vent. La mer était bleue, même là sous nos yeux, et il n’y avait pas de vagues mais une houle extrêmement douce, une respiration dans un sommeil profond. … On entend toujours les joueurs. Robert L., lui, on ne l’entend toujours pas. C’est dans ce silence-là que la guerre est encore présente, qu’elle sourd à travers le sable, le vent.”(M. Duras, La Douleur)» T.E.