Notes sur l'Horizon Pour naviguer il faut avoir un bateau, un gouvernail, une bougie, du vent, un rêve, une maison, internet.. Pour qu'une personne se déplace d'un lieu à un autre, il faut avoir des ailes, avoir une voiture, avoir des pieds, avoir des papiers, avoir de l'argent, avoir un destin, avoir un chemin, avoir un ami, avoir une photo d'identité, une autorisation, avoir des chaussures, il faut être en règle, il faut avoir quelqu'un de la famille qui t'attende, il ne faut rien laisser derrière soi, il faut avoir une langue, avoir un visa, avoir des désirs, avoir de l'argent, une carte de crédit, il faut avoir peur, avoir de la chance, il faut savoir nager, avoir une boussole, il faut avoir à manger, avoir de l'eau.. Il y aura toujours plus d'immigrants sur terre que d'horizons possibles dans nos pensées... Le monde se transforme peu à peu en prison pour tous ceux qui regardent de l'autre côté du mur sans pouvoir le traverser. Le contrôle des migrations clandestines est aujourd'hui une priorité pour les politiques de beaucoup de pays, en particulier ceux qui partagent une frontière avec un pays plus pauvre ou plus riche. Le monde est devenu insensible à ce flot d'images qui ne nous appartiennent pas, à ces images provenant d'un monde éloigné de notre regard, éloigné comme ces maisons que beaucoup ont laissées derrière eux pour partir à la recherche d'un monde meilleur. Lancer une bouteille à la mer, lancer les cendres d'un ami, d'un proche ou d'un être aimé, lancer une fleur à l'eau, lancer une pierre ou simplement la contempler, c'est un signe de liberté, un acte de foi qui se perd dans l'horizon, tandis que lancer une maison.. C'est tout l'espoir d'avoir le droit de regarder de l'autre côté de l'horizon.