Plan fixe, paysage uniforme linéaire circulaire. Une rivière suit son cours, lentement, milliers de vaguelettes oscillant au gré du courant, mouvement statique de l'eau. Au-dessus, une ligne d'arbres, puis le ciel, emportés par un infime mouvement inverse au courant de la rivière. Un paysage a minima projeté sur un écran circulaire s'ouvrant du sol en direction de l'extérieur, forme d'entonnoir en route vers l'horizontal. Rivière coulant en elle-même, mouvement giratoire troublé par une sorte de léger oxymore visuelle (le déplacement inverse de l'eau, de la berge, du ciel). Mouvements contraires, suspensifs, continuité entretenue et rompue. L'ensemble de l'installation est d'une taille conséquente pour que l'on puisse être dans (le diamètre extérieur de la structure est d'environ six mètres). On se retrouve alors entouré par les projections-rivières-tournoyantes, dans une sorte de siphon ouvert sur l'espace environnant. Forme archétypale et paysage générique comme porte d'entrée ou de sortie pour une perturbation par adjonction d'impossibilité visuelle qui ne saute pas aux yeux. Ou vers un sentiment d'étrange banalité. D'un temps. Il ne s'agit pas d'énoncer tel ou tel aspect de cette notion mais plutôt d'amener un percept, de l'évoquer sans didactisme. Une tentative de mostration pour la chose-même, sans concept (autant que cela se peut) à plaquer dessus. Il s'agit juste de proposer un instant d'éprouvement, sans direction précise quant à ce qui doit en être compris.