Morning / evening / morning ouvre une fenêtre sur le monde intérieur d'un jeune couple de la classe ouvrière qui subit l'épreuve de l'absence de l'autre dans leur routine quotidienne du fait d'horaires de travail incompatibles.Il s'agit d'une méditation sur la répétition inhérente à toute vie et sur le désir de partager. C'est une tranche de vie, le fragment d'un cycle plus large qui renferme les germes de l'amour, de l'attente et de la violence semés dans le terreau de la banalité. Avec ce film, j'ai cherché à explorer la réalité de l'ordinaire sans relief de nos vies, nos rituels et routines domestiques quotidiens. Je voulais pénétrer dans la solitude dont chacun fait l'expérience, pour la mettre en contraste avec le désir de trouver une union avec l'autre, de se fondre ensemble.
Les deux personnages présents n'ont pas de nom. Ce sont des anti-héros. Ils sont, en quelque sorte, n'importe qui, tout le monde et personne. De même, le lieu est n'importe où, partout et nulle part. Ce sont l'homme et la femme ordinaires, dans un lieu ordinaire, engagés dans des activités ordinaires. Mon intention était de jouer avec l'anticipation que crée la monotonie, d'utiliser la monotonie pour créer une tension. La banalité de leur vies crée un suspens qui culmine jusqu'au point où le couple finit par se disputer puis faire l'amour passionnément, pour retomber dans leur rythme ordinaire et leurs routines presque immédiatement après cette union. La vie continue normalement, mais notre désir d'unité reste. On finit par voir la femme monter dans un tram, l'activité de tous les jours continue autour d'elle, chaque personne qui passe ayant probablement une histoire aussi ordinaire que la sienne. Manger, dormir, travailler, aimer, et désirer, un conte sur le destin commun dans la fourmilière urbaine.
Ainsi, un paradoxe se dessine : l'isolement, l'union, la séparation et la solitude comme destinée partagée, un thème universel.