Annie Zadek

Ecole

Annie Zadek est née à Lyon où elle a suivi des études d’esthétique et de philosophie dans le but exclusif de devenir écrivain. Si, pour elle, le livre – le texte – est primordial, il n’en est pas moins la source de métamorphoses multiples tout aussi nécessaires : mises en scène théâtrales ; musicales ; radiophoniques ; sérigraphies ; installations graphiques ; lectures publiques expérimentales conçues seule ou avec des artistes. Ni roman, ni théâtre, ni poésie, mais tout cela à la fois plus le reste, son écriture s’affirme résolument transgenre.

Une constellation d’événements mettant en tension l’écrit, la parole et l’image, a nourri un projet dont l’invitation à travailler au Fresnoy pourrait être le point d’orgue.

En voici l’éphéméride à partir de la « scène originaire » suivante : en mai 2011, j’assiste, au Mémorial de la Shoah, à une rencontre avec la cinéaste Marceline Loridan-Ivens (déportée à Auschwitz ; protagoniste du film Chronique d’un été de Rouch et Morin), sur l’éventuelle rémission d’un traumatisme majeur grâce à l’analyse ou l’art.

– Année 2013 : résidence d’écriture auprès de l’ancienne gare de déportation de Bobigny sur la thématique « Comment transmettre et comment s’en remettre ». Cette même année, participation au groupe de parole de l’ethnopsychiatre Nathalie Zajde sur la transmission du traumatisme de la Shoah aux enfants et petits-enfants de survivants.

– Février 2013 : aux Ateliers Varan, l’historienne Sylvie Lindeperg présente son livre La Voie des images où elle analyse ce qui se dévoile dans les marges des films « documentaires » tournés dans les camps de concentration de Terezin (dit « camp des artistes ») et de Westerbork, jusqu’à la rupture de Nuit et Brouillard, film de Resnais et du poète Jean Cayrol.

– Avril 2013 : publication de mon texte Nécessaire et urgent. En même temps que le texte est créé au théâtre (le spectacle « tournera » jusqu’en 2016), j’en donne des lectures publiques conçues avec des plasticiens et en fait des installations graphiques dans divers lieux d’art contemporain en France et en Allemagne.

– Janvier 2014, galerie Marian Goodman : JG de l’artiste Tacita Dean, film argentique dont la bande-son est basée sur sa correspondance avec l’écrivain J. G. Ballard : comment montrer l’invisible Spiral Jetty de R. Smithson, recouverte par les eaux du Grand Lac Salé ?

– Été 2014 : formation « Pratique de la réalisation du film documentaire » aux Ateliers Varan, afin d’ouvrir mon écriture à la spécificité du langage filmique.

En effet, si le livre – le texte – est pour moi primordial, s’il est clair depuis le début que, plutôt que des livres d’écrits, j’écris des livres de paroles, Contemporaine. Un film parlé s’est imposé à moi comme un livre en images, en paroles et en images, en paroles dites sur des images, à la manière dont on commente l’album de photos de famille, entre la scène originaire et les souvenirs écrans d’où l’essentiel est, la plupart du temps, absent. Or, ce qui se dégage de l’éphéméride esquissée ci-dessus – outre le silence, l’absence, l’invisibilité, la disparition, dont la métaphore pourrait être cette Spiral Jetty avant que l’art de Tacita Dean ne la dote d’une sorte d’Épiphanie – ce sont les formes multiples de nouage entre texte (écrit, parlé, joué…) et images. Contemporaine. Un film parlé serait ainsi le lieu d’expérimentation d’un couplage texte-image qui ressortirait tant au commentaire déjà cité, qu’à la traduction simultanée, au doublage, au sous-titrage cinématographique comme au sur-titrage théâtral. Sans parler de ce qui ne manquera pas de surgir lors de ce temps de travail parmi vous, nourrissant, inspirant, bousculant Contemporaine, le livre.

Projet au Fresnoy : Contemporaine. Un film parlé Annie Zadek, juillet 2018.