Félix Luque Sánchez
Né en 1976 à Oviedo, Espagne.
Le travail de Félix Luque Sánchez interroge la manière de concevoir notre rapport à la technologie ainsi que les enjeux contemporains du développement de l’intelligence artificielle et de l’automatisation. À partir de l’utilisation combinée de systèmes de représentations électroniques et digitales, de sculptures mécatroniques, de compositions sonores génératives, de flux de données en temps réel et de processus algorithmiques, les procédés narratifs sur lesquels reposent ses installations entremêlent fiction et réalité et préfigurent les scénarios possibles d’un futur proche, en nous confrontant aux peurs et aux attentes que les machines provoquent en nous.
Ses différentes installations reposent sur un assemblage de systèmes autonomes et incontrôlables dans lesquels chaque élément joue un rôle fonctionnel et visuel. Les machines y sont non seulement conçues en fonction des processus qu’elles accomplissent, mais également en tant qu’objets de contemplation esthétique. Chaque pièce est divisée en différentes parties ou sections qui peuvent être lues comme les chapitres d’un même récit, les éléments constitutifs d’un système, voire les tentatives d’explorer un unique sujet. Cette fragmentation détourne l’apparente unicité de la pièce et le déploiement, à première vue parfait, des opérations de la machine. L’échec et la vulnérabilité sont omniprésents dans ces installations qui mettent en scène des dispositifs constamment forcés à maintenir des équilibres délicats, à poursuivre des dialogues insensés, à générer des comptes rendus incomplets de la réalité, et finalement à s’exprimer eux-mêmes au moyen de compositions sonores génératives produites par leurs propres activités et les processus physiques qu’ils impliquent. L’artiste joue consciemment sur la perception contradictoire d’une technologie purement fonctionnelle mais mue par un but mystérieux, ainsi qu’avec la peur que les machines puissent un jour nous remplacer. Inspiré par la science-fiction dont il emprunte l’esthétique et les fondements conceptuels pour élaborer ses récits spéculatifs, il nous plonge dans les préconceptions de la culture populaire sur les technologies. Il en résulte une série d’oeuvres dont l’élégance technique et l’intrigante opacité fascinent le spectateur qui est autant attiré que mis à distance par ces différents dispositifs.
Pau Waelder
Félix Luque Sánchez, en collaboration avec Iñigo Bilbao et Damien Gernay, envisage au Fresnoy la réalisation d’Obsolete TM, un projet d’installation qui interroge les concepts d’obsolescence technologique et de postcapitalisme.
Suggérant un contexte fictif de dévastation et catastrophisme, ce travail plastique se centre sur un symbole du capitalisme et de la consommation de masses : l’automobile. Emblème de la modernité depuis la deuxième moitié du 19e siècle, la voiture précipite aujourd’hui les questionnements autour des défis majeurs de notre monde : l’épuisement des ressources naturelles et l’effondrement écologique du monde contemporain. L’industrie automobile exemplifie la fragilité actuelle du modèle néolibéral et de la globalisation économique et est devenue l’un des emblèmes de l’incapacité des alternatives technologiques actuelles face à ces défis.
Félix Luque Sánchez