Patrick Jouin

Ecole

Né en 1967 à Nantes, France.
Diplômé en design industriel, ENSCI - Les ateliers, juillet 1992.
Nommé officier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2017.
Sa créativité s’exprime aussi bien dans le design industriel que dans les arts décoratifs.
Associé aux plus grands pour des projets d’exception, Pedrali, Zanotta, FIAM, Busnelli, Cassina, Kartell, Alessi, Puiforcat, J. C. Decaux ou encore Fermob, il occupe une place à part dans le paysage du design international où peu savent comme lui évoluer avec aisance et force.
Le parcours de Patrick Jouin, et de son agence de design, Patrick Jouin ID, a été consacré par une exposition monographique au Centre Pompidou en 2009 et honoré par le prix Compasso d’Oro pour la PastaPot en 2011.

Plusieurs de ses créations sont entrées dans les collections permanentes de musées dans le monde entier notamment la collection Solid au MOMA, qui en 2004 fut la première série de meubles échelle 1 réalisée grâce aux technologies de l’impression 3D. Patrick Jouin intervient également dans des projets d’architecture intérieure avec son associé, Sanjit Manku, au sein de l’agence Jouin Manku fondée en 2006.

Couleur et lumière par Patrick Jouin, designer. « Imaginer un dispositif pour peindre sans peinture, sans pigments avec la seule lumière et son infini spectre. Ondes électriques et longueurs d’ondes. Kaléidoscope, hasard et intelligence artificielle.

Quel effet produit sur l’homme la vision fugace d’un arc-en-ciel ?

Depuis que l’homme existe, cette apparition de pure couleur nous émerveille. Nous savons depuis Isaac Newton qu’elle est le résultat de la diffraction des rayons lumineux provenant du soleil. Les gouttelettes d’eau agissent comme des prismes, et étalent les différentes longueurs d’ondes en un chatoiement infini de couleurs visibles pour notre système visuel : l’oeil et son décodeur, le cerveau.

Le bleu du ciel est dû au même phénomène mais ici ce sont les molécules de l’air qui laissent passer les longueurs d’ondes indigo et bleu en bloquant celles qui vont vers le rouge.

Oiseaux, fleurs et insectes ont su synthétiser ces couleurs que l’on retrouve aussi de manière si fascinante dans les gemmes et les minéraux. Trace impalpable de la composition chimique de tout ce qui compose l’univers, la couleur est révélée par l’énergie inimaginable produite par le soleil et sa constante destruction.

Comment les premiers artistes ont-ils utilisé les couleurs avant de pouvoir les synthétiser ? Faisaient-ils des compositions de fleurs, de plumes ? On imagine aisément que la couleur ait toujours pu nous fasciner, pour que nous ayons finalement réussi à la reproduire, à la stabiliser.

Le rouge des pigments ferreux de la grotte Chauvet vient compléter le noir du charbon.

Depuis 36 000 ans, les dessins sont toujours là. La couleur minérale est bien visible mais on peut aussi imaginer que d’autres travaux, plus colorés, n’aient pas résisté à l’abus du temps.

La couleur, après celle obtenue par la chimie, suspendue dans de l’huile de lin, de la gomme arabique, du verre ou de l’acrylique est aussi devenue visible sur un papier photographique ou une onde électrique sur un écran. Toujours une vibration.

Le travail de recherche que je souhaite poursuivre au Fresnoy prendra donc pour thématique la perception de la couleur avec les nouveaux moyens que nous avons pour la rendre visible, la malaxer. Le hasard et l’intelligence artificielle viendront apporter leur aide pour peindre sans peinture. »

Patrick Jouin