Exposition du 4 mars au 8 mai 2016
Vernissage jeudi 3 mars à partir de 18h
Les artistes
Thomas Bayrle, Blanca Casas Brullet, Sidival Fila, Dan Flavin, Sheila Hicks, Ryoichi Kurokawa, Sol LeWitt, Jean-Michel Meurice, François Morellet, François Rouan, Pablo Valbuena
Commissaires
Dominique Païni et Pascale Pronnier
Scénographe
Christophe Boulanger
L’exposition Drôles de trames ! propose ce raccord (ou ce faux-raccord), qui nous est cher entre supports traditionnels de l’expression artistique et supports des technologies les plus contemporaines. On comprendra vite que le mot « trame » évoque d’abord le textile, dont l’industrie a si fortement marqué l’identité de la Région Nord-Pas de Calais.
Il est des survivances dans l’histoire de l’art susceptibles de faire croire aux éternels retours. L’univers internet renvoie ainsi à la toile pour dire un nombre illimité de réseaux qui constituent une communication sans rivage. Recourir à ce terme qui désignait familièrement la séance de cinéma (« se faire une toile » pour dire « aller voir un film ») et, plus anciennement la toile support de plus de huit cents années de création picturale, n’est pas sans saveur rhétorique et théorique. Pourtant, nous devons nous rendre à l’évidence que les mots sont parfois imperméables au renouvellement sinon à la révolution des techniques de l’art.
Se vêtir est une des activités fondamentales de l’homme depuis ses origines. Aussi a-t-il conçu avec une évidence jamais démentie le principe du croisement d’une trame et d’une chaîne textiles pour fabriquer les enveloppes protectrices de son corps, dont la paille, le coton, la soie ou la laine furent les matériaux souples du tissage dans tous ses états.
Cet acte primordial de tisser fut aussi une des procédures majeures de la création des formes. Indépendamment de sa fonction métaphorique minimale pour figurer le fonctionnement de la pensée humaine (rapprocher, croiser, mélanger, monter…), il est une obsession repérable tout au long de l’histoire des arts. Au 20e siècle, toutes les disciplines ont exploité cette activité artisanale et conceptuelle y compris pour échapper à la soumission de la reproduction servile de la réalité tout en défendant l’idée que l’art ne pouvait se dispenser de la virtuosité d’un métier. De surcroît, le geste de tramer permet le rapprochement d’artistes dont les pratiques variées ou les différences générationnelles n’autorisent pourtant pas à priori la comparaison. La trame comme une véritable écriture empruntant à la diversité innombrable des matières a donc le pouvoir de réunir des artistes, de croiser leur pratique et d’invalider les hétérogénéités trompeuses dues au temps.
Même si les matériaux que les artistes manipulent au Fresnoy - Studio national sont très contemporains, hérités des technologies les plus récentes dont celles découlant de la puissance numérique, il demeure fructueux de construire des passerelles entre ces dernières et les procédés anciens appartenant à l’histoire de l’art qui n’en sont pas pour autant abolis. C’est le rôle d’une institution telle que Le Fresnoy que de favoriser la perception de l’interdépendance des procédures techniques qui sont également des procédures mentales.
Dominique Païni.
Sidival Fila est un artiste italien qui sera découvert en France grâce à cette exposition. Sa démarche est singulière, entre peinture et sculpture. Il est matiériste et conceptuel à la fois, évoquant les désordres telluriques, la rythmique de l’ordonnance des plis et une manipulation obsessionnellement sérielle du textile.
Sheila Hicks occupera dans l’exposition une place susceptible d’illustrer la complexité de l’histoire contemporaine de l’art. Son autorité et son audace bouleversent les définitions de l’art textile et proposent des agitations de l’espace et des volumes qui concurrencent une spécificité du 20e siècle: l’interaction des gestes de peindre, de sculpter et de bâtir.
Jean-Michel Meurice et François Rouan appartiennent à une génération qui repoussa l’incertitude pour qualifier figuration et abstraction. Infinie sérialité des lignes colorées et figurations découpées et recomposées, font de ces deux artistes au faîte de leur maturité, des pionniers de l’art contemporain.
Dan Flavin est exemplairement un artiste dont la pratique qui consiste à utiliser des matériaux sans noblesse, le néon et sa lumière brutale, contribua néanmoins à souligner l’architecture du 20e siècle comme le résultat de la trame et de la concaténation de traits lumineux. Il peut être perçu aujourd’hui comme un des artistes passeurs entre le constructivisme moderniste et la virtualité lumineuse à laquelle les technologies contemporaines nous ont désormais habitués.
Pablo Valbuena pourrait être légitimement considéré comme un héritier de Dan Flavin en développant à la lettre ce que l’artiste américain promettait. Valbunea souligne le déjà bâti autant qu’il le construit par une organisation illimitée de lignes lumineuses rigoureusement enchevêtrées et l’abîme géométrique d’une trame imposée.
Depuis longtemps, François Morellet s’est attaché à tenter l’impossible inventaire des combinaisons, y compris certaines facétieuses pour recouvrir, inverser, découper, croiser, tramer donc, les droites et les courbes, les quadrilatères et les cercles, les flèches et les sinuosités ; les rigidités et les mollesses... Et tout ce que l’on peut imaginer de géométries susceptibles d’être articulées et tissées ! L’humour sériel en quelque sorte.
Pour l’occasion de l’exposition, le Frac Picardie restitue exceptionnellement une œuvre murale de Sol LeWitt faite d’un treillis infini de lignes.
Blanca Casas Brullet rappelle la dextérité manuelle à l’œuvre dans tout tissage et en démontre simultanément la fragilité sinon la précarité. Cette artiste n’envisage pas une trame, toute admirable qu’elle soit, sans la violence de sa perforation et de sa déchirure.
Enfin, Ryoichi Kurokawa investit l’infinie complexité du monde pour inventer des trames vidéo-numériques dont les vertiges sont à la mesure de leur virtualité et les champs de vibration de Thomas Bayrle jouent avec les traits pour évoquer ceux de la figure humaine et ceux du tissage.
Atelier jeune public
Mon écran
Dimanche 13 mars | 15h30 > 17h30
Après avoir observé quelques œuvres de l’exposition, les enfants confectionneront collectivement une trame en compagnie de l’artiste Seydou Cissé; une toile blanche composée de plusieurs matériaux (papiers, cartons, fil de lin, coton), qui servira ensuite d’écran de projection pour des photos ou vidéos. Ils observeront ainsi la transformation de ce support en trames d’images fixes ou animées.
À partir de 7 ans - Tarif 6 € - sur réservation
VACANCES DE PRINTEMPS
Trame collective - Dessiner en famille à partir de l’œuvre de Sol LeWitt
Dimanche 3 avril | 15h00 > 17h30
Dimanche 10 avril | 15h00 > 17h30
En compagnie de l’artiste David Ayoun, venez recréer en famille un « wall drawing » de Sol LeWitt, une fresque murale conçue pour être réalisée par d’autres personnes que l’artiste. À l’instar de musiciens interprétant une partition, les dessinateurs exécutent ainsi à leur manière, les formules géométriques indiquées par Sol LeWitt.
À partir de 7 ans - tarif 6€ – sur réservation
Promenade dans l’exposition pour les enfants
Mercredi 6 avril | 15h00
Suivie d’une chasse aux œufs
À partir de 3 ans – tarif 3€ - sur réservation
JOURNÉE D'ÉTUDE
Écrans exposés - Cinéma, art contemporain, médias
Mardi 26 avril | 10h00 > 18h00
Organisée par Géraldine Sfez, Université de Lille - CEAC et Riccardo Venturi, INHA (Institut national d’histoire de l’art)
Intervenants : Blanca Casas Brullet, Marie-Thérèse Champesme, Clément Cogitore, Runa Islam, Dominique Païni, Pascale Pronnier, Géraldine Sfez, Riccardo Venturi
Si la porosité entre le champ du cinéma et celui de l’art contemporain est devenue une évidence, ce qu’implique une telle porosité quant à la « fabrique » des images reste à questionner. Comment les artistes/cinéastes conçoivent-ils la matière filmique ? Dans quelle mesure cherchent-ils, en croisant différents médiums et procédures, à produire des effets de matérialité et de texture à la surface de l’écran ?
La journée se déroulera en trois temps : entretiens avec les artistes menés par des commissaires et critiques d’art (Blanca Casas Brullet/Dominique Païni, Clément Cogitore/Marie-Thérèse Champesme, Runa Islam/Riccardo Venturi) ; visite de l’exposition « Drôles de trames ! » et projection de films.
Cette journée d’études organisée par Géraldine Sfez (Université Lille - CEAC) et Riccardo Venturi (INHA), en lien avec l’exposition « Drôles de trames ! » s’inscrit dans le prolongement du séminaire « Ecrans exposés. Cinéma, art contemporain, médias » qui s’est déroulé de novembre 2013 à juin 2015 à l’INHA (Institut National d’Histoire de l’Art).
Programme
10h00 : accueil café
10h15 : introduction de la journée par Géraldine Sfez et Dominique Païni
10h30-11h45 : entretien entre Marie-Thérèse Champesme, directrice de la villa la Brugère et Clément Cogitore, artiste
13h00 : Déjeuner libre (restaurant du Fresnoy et food truck sur place)
14h00-15h00 : visite de l’exposition Drôles de trames ! par Dominique Païni et Pascale Pronnier (sur inscription)
15h15-16h30 : entretien entre Dominique Païni, commissaire de l’exposition et Blanca Casas Brullet, artiste
16h30-18h00 : projection de films de Runa Islam, Clément Cogitore, ...
Tarif: 5€ – gratuit pour les étudiants
Réservations : 03 20 28 38 00 / accueil@lefresnoy.net
TOUS LES DIMANCHES
Gratuit pour tous, entrée de l’exposition et visite guidée à 16h
WEEK-END MUSÉES TÉLÉRAMA
Samedi 19 et dimanche 20 mars
Entrée gratuite sur présentation du Pass disponible dans les numéros de Télérama des 9 et 16 mars
EXPO-BRUNCH
Dimanche 20 mars | 10h00 > 12h30
Pour les flâneurs du dimanche matin, seul, à deux, en famille ou entre amis Petit-déjeuner, visites guidées et activité pour les enfants
Pour les lève-tard, exposition en continu jusqu’à 19h00
Plein tarif 10€,
tarif enfant 5€ (jusqu’à 10 ans inclus)
sur réservation
SOIRÉE
Les trames animées
Jeudi 24 mars | 19h00
En partenariat avec les Rencontres Audiovisuelles dans le cadre de la Fête de l’anim’ et l’association CELLOFAN
Téléchargez le programme complet
19h00: visite de l’exposition Drôles de trames ! (sur inscription)
20h00: projection de films de Len Lye, McLaren, Stan Brakhage, Robert Todd, Thomas Steiner, Kurt Kren, etc…, et Jacques van Roy en sa présence.
Des œuvres sublimes, abstraites et chatoyantes du cinéma d’animation, une expérience plastique unique en son genre! De nos jours, de nombreux artistes reprennent le dessin, et son prolongement dans l’animation digitale, ici les thèmes de référence s’apparenteront à la symbolique de la trame à travers la peinture, l’architecture, la représentation de la nature, etc.
Pour terminer la soirée, rendez-vous au bar.
Tarif unique: 5€ (le prix d’entrée de l’exposition donne accès aux soirées et vice versa).