Gérard Collin-Thiébaut
Né en 1946. Vit et travaille à Besançon et à Vuillafans, France. Depuis 1990 travaille à la réalisation d’une oeuvre totale : La Maison d’un artiste, clin d’oeil aux frères Goncourt, propriété dans laquelle il vit périodiquement.
Ce lieu de monstration permanente est un ancien prieuré de capucins, entouré de hauts murs, orné d’un parc à l’anglaise, dessiné par les architectes paysagistes Brice-Michel père et fils en 1870, Gustave Courbet y passa lors de ses séjours à Ornans 1.
il s’agit pour lui de bousculer nos conventions en secouant le cocotier de l’art contemporain
Désambiguïsation précieuse de l’artiste sur sa démarche : La proximité de la Suisse me fera comparer, non sans prétention, ma démarche artistique aux montres à complications, réservées à un public averti. Poussant la comparaison tout en affinant le propos, je pencherais plutôt pour la marque IWC, qui vers 1985, avec la relance de la Da Vinci, cherche à développer des complications commodes. Car c’est également vers 1985, que je mets définitivement en place une oeuvre à complications, regroupant toutes les questions de l’art, par une méthode aux champs plastiques simultanés, facile à vivre, qui a pour mesures mes Dispositifs audiovisuels, mes Oisivetés, mes Copies et Transcriptions, mes Distributeurs et Carnets d’Images, mes Artistes en petits soldats, mes Peintures sur le motifs et Rébus, L’Album encyclopédique monumental des arts, mes réalisations urbaines, etc., etc. ceux-ci, à la manière d’un chronographe et d’un calendrier perpétuel. Poussant plus loin la comparaison, quand en 1990, LMH présente sa Grande Complication, de mon côté, m’ennuyant de ma production quotidienne d’oeuvres (activité commune à chaque artiste), je décide, de faire oeuvre à partir d’oeuvres d’autres artistes en devenant commissaire, Marcel Duchamp dirait « Générateur-Arbitre ». En 1996, je prétends qu’une énonciation de mes oeuvres, sous forme de classements multiples suffira à faire OEuvre, et débute un catalogue de l’ensemble de mon travail, sans aucun visuel, accompagné d’un Tableau synoptique, me permettant de mesurer les temps intermédiaires, semblables à la dixième aiguille de la Da Vinci Rattrapante de 1995, vrai bijou d’ingéniosité. Mon oeuvre artistique, bien que flexible, poli et satiné, paraît toujours aussi complexe et ne s’obtient pas aisément, se défiant de l’effet facile, de l’impétration immédiate et de la compréhension spontanée. Mais, comme la Da Vinci chronographe faite de céramique extradure et titane, en avance sur son époque, cette oeuvre se doit d’être très résistante, sans négliger pour autant qu’elle est là pour donner les indications nécessaires à son temps.
Gérard Collin-Thiébaut.
L’attitude de Gérard Collin-Thiébaut est simple bien que radicale ; il s’agit pour lui de bousculer nos conventions en secouant le cocotier de l’art contemporain, « quand les habitudes deviennent formes ». D’une apparence souvent élégante et volontairement classique, voir désuètes, ses interventions laissent croire au facile, pour démontrer que jamais la modernité ne se passe en surface. (…) Tout au long de son parcours artistique, il s’appliquera à poursuivre les diverses catégories des beaux-arts par des procédés liés à son époque, faisant ressurgir les correspondances, pour atteindre une connaissance transversale et permettre non seulement une relecture du monde, mais aussi affirmer que la pensée est affaire, non de formes trouvées, mais encore de formes transformantes. Indices non négligeables : Paul Otlet, Aby Warburg, Roussel, Duchamp, Flaubert, l’art populaire…
Jean-Philippe Branche.