Il semble qu’aujourd’hui l’intime est victime d’une réification et d’une dévaluation. On compte plus de 100 milliards d’objets connectés dans le monde qui traquent chaque donnée, considérant que l’intime est quantifiable, que tout est signifiant et que la donnée dit la vérité. Le résultat est la négation de l’intime tourmenté, ouvert, béant, océanique et l’injonction à un intime heureux. L’intime porte en lui la trace d’un rapport total, presque sacré à l’autre, puis il devient ce qui sépare et ce qui se refuse à la toute-puissance de l’autre. C’est la possibilité d’une frontière, d’un irréductible entre soi-même et l’autre qui devient différent. Cette conscience de l’altérité va aussi devenir la conscience de la possibilité du sujet dans son acception la plus radicale.