« Qu’existe-t-il de plus matériellement sobre et de plus symboliquement pauvre que ce bâtiment qui s’épuise dans sa fonction ? Les châteaux hantés du roman gothique sont aujourd’hui les hôtels de bord de route, les grands parkings vides, les centres commerciaux. Bref, tout ce qui ressort de la topographie péri-urbaine indéfinie. » Bruce Bégout

Ce projet d’installation représente une chambre de motel de taille réduite. Elle est peinte d’un gris monochrome pour la neutralité qu’évoque ce lieu, souvent réduit à sa finalité commerciale. Ce simple cube, à l’architecture et aux meubles atrophiés, exprime au-delà du vide et de l’ennui, une ambivalence entre le familier et l’inquiétant. A l’aide d’un casque sans fil, et suivant sa situation dans la pièce, le visiteur entend des phrases courtes qui l’informent sur les locataires de passage. En voyant apparaitre des objets sur le sol et les meubles, il devine les événements ayant eu lieu. Comme du temps concentré, sédimenté dans un même espace, se succèdent plusieurs histoires, évoquées par des fragments visuels et sonores, que, par son implication physique, le visiteur devra déchiffrer. Si la chambre de motel est, par son indigence architecturale et son confort sommaire, un lieu commun et standardisé, elle tient une place particulière dans l’imaginaire littéraire, pictural et cinématographique. Un lieu banal devenu un endroit chargé d’angoisse, ou l’insignifiant devient l’énigmatique même.