Le point de départ est une carte : Calais, un territoire frontière sur lequel des hommes sont traqués ; une escale, une périphérie. Cette frontière m’intéresse pour son caractère ambivalent. Elle est à la fois ponctuelle, axée sur les zones Eurotunnel et port, et diffuse les populations migrantes qui s’étalent dans la ville, terrée dans des “niches”. Les contrôles et intimidations des forces de police ont ainsi lieu dans Calais. La ville est la frontière. Je tourne dans Calais depuis le mois d’octobre. Ma perception du territoire est en perpétuelle évolution. Cependant je sens des images résister. Le paysage calaisien porte les stigmates de sa situation géostratégique à travers les âges. Il est marqué par l’histoire des bourgeois, truffé de forts, de citadelles, de Vauban aux monolithes du IIIe Reich. Aujourd’hui, la forteresse s’inverse. Elle n’a plus lieu de protéger la ville contre les invasions, elle mure les mouvements, fige les migrants qui tentent de s’en échapper. Mon expérience est une errance sur un territoire saturé de palimpsestes.» E.G.B.