Mon grand-père s'appelait Lazare, juif polonais, né en 1911 à Vilno, il était auteur dramatique et il est mort voilà treize ans dans l'anonymat, à Paris. Je ne suis pas une sauveuse d'âme et bien que je vienne de Galilée, je ne prétends pas pouvoir le ressusciter. Mais, il m'a laissé en héritage des textes, que j'ai la faiblesse de croire intéressants. C'est pourquoi j'ai décidé de réaliser un film qui parle de cet héritage, dédié à ce grand-père que je n'ai pas connu. Je garde de lui l'image d'un vieux monsieur malade, pas celle d'un écrivain. Pour parler de lui, j'ai choisi de mener une enquête et de la traiter comme une 'aventure'. Il s'agit donc d'un conte où la princesse, une fois n'est pas coutume, cherche son roi. Je le retrouve dans les mots de ses amis et connaissances, les yeux de ses trois femmes, dans les larmes de ma mère. L'histoire commence comme une enquête et finit par une chronique familiale. Ce film est pour moi l'occasion d'une quête affective doublée d'une réflexion sur la condition de la vie d'un artiste juif, réfugié politique, apatride, pour qui la seule nation était le théâtre et qui se donna à Melpomène sans compter, au détriment de sa famille. Maintenant, il ne me reste plus qu'à choisir si, oui ou non j'ai envie d'être la petite fille de Lazare Kobrynski.