Patrick Bailly Maître Grand
Après des études scientifiques (diplômé Maître es Sciences Physiques en 1969) et dix années consacrées à la peinture, Patrick Bailly-Maître-Grand travaille avec les outils photographiques depuis 1980. Ses œuvres, strictement analogiques, argentiques noir & blanc, se caractérisent par un imaginaire ludique, associé à un goût pour les technologies complexes telles que le Daguerréotype, la périphotographie, la strobophotographie, les virages chimiques, les monotypes directs, les rayogrammes et d'autres inventions de son cru.
Fuyant la notion de la perspective, ses images, bien que très sophistiquées pour leur élaboration, ont la simplification de proverbes visuels, épurés comme des haïkus.
Patrick Bailly-Maître-Grand a exposé dans le monde entier et ses œuvres sont dans les collections de musées prestigieux tels que le MoMa de New York (USA), le centre Pompidou de Paris, le Fonds national d'art contemporain, le Victoria Museum de Melbourne (Australie), le Sainsbury Center de Norwich (GB), le Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg, le Museet for Fotokunst d'Odense (Danemark), etc…
A l'évidence, me retrouver « artiste professeur invité » au Fresnoy - Studio national des arts contemporains, me plonge dans un état d'excitation et de terreur mélangée. Excitation parce que ce sera pour moi une belle occasion de me frotter avec une poignée de l'élite de notre jeunesse créative, mais terreur également par crainte de me retrouver ringardisé puis snobé, avec mes outils photographiques « à l'ancienne », alors qu'ils jouent tous maintenant au Rubik's cube des images pixellisées.
Haut les cœurs ! De mon navire qui prend l'eau, avec ma sacoche bourrée de chimies, d'optiques et d'abracadabras quincailliers, je vais partir à l'abordage de leur vaisseau flambant neuf et leur montrer de quel bois photographique on peut se chauffer ! Peut-être pourrais-je en convaincre certains à se mutiner !...
Quelle orientation générale donner donc à mon intervention auprès de cette poignée d'étudiants ? Il me semble que le plus troublant dans la photographie analogique est la notion implacable d'empreinte (comme un véritable moulage appliqué sur le réel), en opposition avec l'emprunt au réel que fait le numérique pour faire ensuite (voir les torsions du Rubik's cube), de… l'infographie. Avec ces étudiants du Fresnoy, nous allons donc explorer à fond cette notion d'empreinte photographique via ce que je nomme le monotype direct, le rayogramme, l'utilisation de résines moulantes intermédiaires et, peut-être, d'autres techniques de captations physiques à inventer. Bref, on va mettre la main à la pâte et non pas le cul sur une chaise devant l'ordi…